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Les conséquences de la pandémie sur l’emploi IT : un bilan provisoire contrasté
Un an après le début du premier confinement et alors que la France en subit un troisième, quelques tendances se dessinent sur les conséquences de la pandémie sur l’emploi IT. Bilan en demi-teinte.
Le 16 mars 2020, le chef de l’État imposait un confinement strict de deux mois et une mise sous cloche de l’activité économique réduite aux services essentiels. La France, à marche forcée, découvrait les joies du télétravail et tous les secteurs se réorganisaient en catastrophe pour maintenir un semblant d’activité économique. En avril 2021, un an après, nous en sommes au troisième confinement, avec une adaptation en temps réel permanente, de tous les secteurs économiques au contexte sanitaire.
Les réseaux et l’informatique ont tenu
On pourrait penser que l’emploi IT, dopé par la nécessité que les réseaux et l’infrastructure IT tiennent de manière sécurisée la charge d’un télétravail massif, aurait progressé de manière significative pendant cette période étrange que nous traversons depuis un an. Le bilan provisoire est en fait très contrasté.
Un premier constat s’impose : il n’y a pas eu, sauf à la marge, de ruptures d’activité dues à une surcharge des réseaux ou à un plantage massif des systèmes d’information, et ce quel que soit le secteur, ce qui est à porter au crédit des équipes informatiques. Comme le dit Henri d’Agrain, Délégué général du Cigref, « les DSI et les opérateurs télécoms ont fait le travail qui a permis de dimensionner l’infrastructure IT et réseaux pour répondre à une augmentation très importante de la charge des systèmes informatiques et des réseaux du fait du recours massif, et totalement imprévu, au télétravail ». Certains panneaux de soutien lors du premier confinement mentionnaient, outre les soignants et les commerces essentiels, les logisticiens, les livreurs… et les informaticiens.
Une économie numérique nettement impactée par la crise sanitaire
La pandémie a eu des conséquences sur le volume et la structure de l’emploi et des compétences IT. Dans le Baromètre de l’Alliance pour la Confiance Numérique (ACN) daté du 5 mai 2020, 70 % des sociétés interrogées considéraient que la crise avait un impact très négatif sur leur activité. En avril 2020, 30 % des entreprises interrogées avaient réalisé un CA inférieur de 50 % par rapport à avril 2019. Le regain d’activité de l’été a sans doute été contrebalancé par les 2e et 3e confinements, même si le recul de la croissance a été moins fort que prévu à la sortie du premier confinement.
Neïla Hamadache, Déléguée à la Formation du Syntec Numérique constate : « la croissance en 2020 du secteur IT est globalement de 1 %. » Le Syntec Numérique a publié en décembre 2020 (soit avant le couvre-feu et le 3e confinement) un bilan 2020 et des perspectives 2021 du secteur. Les ESN (Entreprises de Service Numérique) ont connu une baisse de chiffre d’affaires de 4, 2 % en 2020, après une croissance de 3,1 % en 2019.
L’activité des ICT (Conseil en Technologie) durement frappés, a chu « de 12,3 % en raison de leur exposition au secteur aéronautique et automobile très touché par la crise du Covid-19. […] 10 000 postes sont en danger dans ce secteur en décembre 2020, et une décroissance de 3,3 % est prévue pour 2021 ». Les éditeurs de logiciel s’en sortent mieux, avec une croissance positive de 0,3 % en 2020.
Néanmoins, selon le bilan du Syntec Numérique, « 2 entreprises sur 3 disent avoir stabilisé ou augmenté leurs effectifs en 2020 ». Et les ESN devraient renouer avec une croissance positive (+1,1 %) en 2021, de même que les éditeurs de logiciel (+ 3,8 % de croissance anticipée sur 2021).
Une opportunité pour des secteurs en tension
Neila Hamadache souligne en contrepartie de réelles possibilités de transfert dans les secteurs traditionnellement en tension dans l’IT à savoir le cloud et la cybersécurité. Le plan de relance d’un milliard d’euros sur la cybersécurité, annoncé en février, créera un appel de compétences dans un secteur qui a traditionnellement du mal à recruter.
Par ailleurs, on peut s’attendre à ce que la délocalisation du télétravail dans des régions plus vertes favorise, par plus d’autonomie, de nouveaux emplois d’indépendants, y compris en informatique. Un bien pour un mal ? Il est sans doute trop tôt pour l’affirmer de manière catégorique.